Assister à un congrès, cela nécessite plus que la soif d'apprendre.. cela nécessite aussi un chéquier à portée de main.
Une inscription simple à un congrès digne de ce nom coute entre 800 et 1400 Dh, pour les férus de pratique, il faut y ajouter les frais d'inscription aux ateliers, gratuits des fois, mais quand on y voit de plus près généralement il s'avère être des séances de présentation d'une technique qui amène à l'achat d'un produit donné, nouveau s'introduisant sur le marché, ou ancien élargissant son assise. Hormis donc ces ateliers gratuits et bien intéressés, les autres ateliers coutent en moyenne entre 200 et 1400 Dh.
Sortons notre calculette et à la bonne franquette, comme après une belle emplette, faisons les comptes : Ce que coute en moyenne à un dentiste l'inscription à un congrès à Marrakech ou à Fès un weekend durant :
Frais d'inscription: 1000 Dh + un atelier ou deux à 800 Dh... oui après il y a toujours un jeu de réduction.. restons dans le grosso-modo, continuons.
Frais de déplacement : 400 Dh en voiture (carburant, péage autoroute.. sans oublier de prévoir 700 Dh en cas de PV excès de vitesse.. Dans mon cas ça ne rate pas !)
Logement : 3 nuits en chambre double dans un hôtel 3 étoiles (le digne minimum) en demi pension à 1800 Dh
La rituelle visite des stands à 2000 Dh au bas mot !
Au total prêt de 6000 Dh sans oublier d'y ajouter ce que coute la fermeture de son cabinet pendant 2 à 3 jours.. A ce prix on comprend bien pourquoi les salles de conférences sont rarement remplies et pourquoi, d'un congrès à un autres, au vu des quelques têtes présentes, cela sent le déjà-vu. Il n'y a donc pas que le désintérêt pour la formation continue dont ce plaint les organisateurs, il y a aussi le coût... Trop cher !
Parlons à présent produits dentaires, de leurs prix, et plus précisément des marges de bénéfices qu'ont les fournisseurs sur ces produits et qui sont à mon sens la cause de leur cherté : Scandaleuses, obscènes sont les mots qui reviennent le plus souvent dans les discussions entre jeunes dentistes, certains avis plus nuancés diront que ces marges varient en fonction des produits, que la cherté de ces derniers est en partie due aux droits de douane. Faux ! Exonérés ou pas comme revendiquent certains, les marges resteront sauves.. (Nous aurons l'occasion de le vérifier d'ici quelques mois pour ce qui est du marché de l'automobile avec la suppression totale des barrières douanières.. vous verrez, aucune baisse des prix comme on est en droit d'attendre ne se fera sentir.. on prend les paris ?) Quant au marché de l'occasion (dentaire), refuge des dentistes débutants aux petites bourses, ils ne se portent pas mieux, et ce, semble-t-il, depuis l'élargissement de l'Union Européenne à certains pays de l'Est. Une augmentation de la demande qui serait en cause de l'augmentation des prix des fauteuils seconde main importés d'Europe.
Peu importe, il reste que face aux « fournisseurs » de savoir et ceux de produits, le jeune dentiste se retrouve à la sortie des bancs de la faculté en bas d'une pente glissante, forcé de payer trop cher l'ascension au métier : location du cabinet, leasing du matériel, charges sociales et salariales, cotisations à l'assurance maladie, à l'ordre, de l'adhésion aux sociétés scientifiques... et inscriptions aux congrès. Trop cher !
Je propose donc que le sponsoring dans les congrès inclus les frais d'inscription, du moins des 50 ou 100 premiers inscrits par exemple. (l'on verra alors courir bon nombre de dentistes pour s'inscrire et l'on verra des salles de conférences qui rendent de l'écho).
Plus radical : l'abolition des cartes d'exclusivité territoriale de distribution des produits et matériel dentaire pour laisser faire les lois du marché au profit du consommateur final : Nous.
